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Semaine de l’Antiquité 2025

 

Chaque année, la Semaine de l’Antiquité rassemble les élèves passionnés de Langues et Cultures de l’Antiquité autour d’un thème commun qui inspire, interroge, et fait résonner les voix antiques avec les enjeux contemporains. L’édition 2025 met à l’honneur les figures féminines : “Femmes, mères, magiciennes”, explorant les multiples facettes du féminin dans les mondes grec et romain — héroïnes, citoyennes, invisibles ou puissantes, parfois craintes, souvent admirées.

Du latin au grec ancien, en passant par des créations en français, chaque classe participante a été invitée à écrire à son tour une page du Liber Viator, un livre collectif tissé de récits, de réflexions et d’imaginaire. Les élèves ont relevé un défi stimulant : intégrer à leur production cinq mots transmis par la classe précédente, dans une véritable chaîne créative inter-niveaux.

Découvrez le travail de Lia, élève de la classe de latin de Mme MIYANO. Elle redonne vie à un épisode marquant de la Rome antique : la contestation par les femmes de la Lex Oppia, loi qui restreignait leur droit au luxe au nom de l’effort de guerre.

Lex Oppia
Secundo bello Punico gesto, lex Oppia in matrum et ancillarum luxum descendit, non ut eas ornaret sed ut ornamenta ipsa tolleret.
Ubi hoc auditum est, feminae, nullo modo timidae sed virtute militari actae, domos relinquunt. Liberi relicti, panis in furno oblitus, vestimenta per domum sparsa, matres ad forum properant. Ibi vias Urbis complent, clamant, orant, interdum etiam defixionibus utuntur, quasi senatores ipsos deorum iras commoveri posse sperarent. Et quis hoc antea credidisset?
Cato, vir severus, vitam ad disciplinam institutam ducens, repente inter tumultum vocum feminearum se invenit. Facies eius, solito rigida, sub voce matrum paene mollita est. Inter has turbas, ex media multitudine surrexit nympha, ut sibi videbatur, maga quaedam.
Haec, stans in gradibus aedis, magna voce exclamat:
« Caesar cum Gallis bellum gessit, Romae matronae cum Catone. »
Risus obortus est, sed post risum venit argumentorum pondus. Feminae, non verbis tantum sed etiam constantia, mature Catonem superaverunt.
Postremo lex Oppia, tamquam columna vento diuturno inclinata, corruit. Ita evenit ut matres familiae et ancillae non solum in pace sed etiam in voluptate diu vivere potuerint.

Traduction

Loi Oppia
Alors que la seconde guerre punique faisait rage, la loi Oppia fut imposée contre le luxe des mères de famille et des servantes, non pas pour les honorer, mais pour leur enlever jusqu’à leurs parures.
Dès que la nouvelle fut connue, les femmes, nullement timorées mais poussées par une ardeur guerrière, quittèrent leurs maisons. Les enfants restèrent abandonnés, le pain oublié dans le four, les vêtements éparpillés dans la maison : les mères se précipitèrent au forum.
Là, elles envahirent les rues de la Ville, criant, suppliant, utilisant parfois même des défixions, comme si elles espéraient que les sénateurs seraient ébranlés par la colère des dieux eux-mêmes.
Et qui aurait pu croire une chose pareille ?
Caton, homme austère, menant une vie tout entière dédiée à la discipline, se retrouva soudain au milieu de cette tempête de voix féminines. Son visage, d’ordinaire figé, fut presque attendri sous la pression des paroles des mères. Au milieu de cette foule surgit alors une nymphe, ou du moins une maga, à ce qu’il semblait.

Elle se tint sur les marches d’un édifice et s’écria d’une voix puissante :
« César fit la guerre aux Gaulois, mais à Rome ce sont les matronae qui font la guerre à Caton ! »

Un rire se répandit, mais après le rire vint la force des arguments. Les femmes, non seulement par leurs paroles mais par leur persévérance, vainquirent mature Caton. Finalement, la loi Oppia, telle une colonne penchée par un vent trop longtemps soufflé, s’effondra. Ainsi arriva-t-il que les mères de famille et les ancillae purent vivre longtemps non seulement en paix, mais aussi dans la volupté.